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      R.A.H.A.N.

                  R.echerches A.rchéologiques                                                                                                                 H.ypothèses A.nciennes et N.ouvelles                         

                                                                                               Christophe BIVOLAS

                         VOUS TROUVEREZ ENTRE AUTRES SUJETS :

  • DES ARTICLES TECHNIQUES EN LIEN AVEC MES INVENTIONS DE SITES

  • DES ELEMENTS DE REFLEXION POUR RECONSIDERER QUELQUES CERTITUDES...                          

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BREF PORTRAIT
ACTIVITES EN LIEN AVEC L' ARCHEOLOGIE

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  • Prospecteur diachronique SRA Occitanie

  • Inventeur de sites rupestres, mégalithiques et médiévaux

  • Secrétaire adjoint de la SAHHCH en charge du dépôt du musée de Villemagne-l'Argentière de 2015 à 2020

  • Auteur d'articles (Bulletin SAHHCH, fédération des moulins de France, BSR, Blog ...) 

  • Guide du site de la meulière de la Veyrasse

  • Enseignant-fondateur du club d'archéologie ARKEORB depuis 2014

  • Professeur d'Occitan

  • Professeur de Français

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POURQUOI ET COMMENT...

L'acronyme de ce blog est un clin d'œil amusé et attendri pour le célèbre héros des "âges farouches" qui fit partager quelques fabuleuses  aventures à un certain gamin. Si d'emblée, le décor du Paléolithique supérieur est planté, je me consacre avec grand intérêt à bien d'autres problématiques en lien plus ou moins direct avec le territoire du bassin de l'Orb. Ouvert à tous les sujets, je suis actuellement cependant plus attentif aux investigations relatives à l'expression artistique (art rupestre) et au mégalithisme (dolmens et menhirs). Je livrerai au gré de mes envies et des informations à disposition, mes propres conclusions (toujours provisoires !!) sur les sujets archéologiques abordés durant ces dernières décennies, à partir de mes connaissances théoriques, de mes observations ainsi que d'une expérience perpétuellement enrichie par un très important travail technique sur le terrain. Cette approche est assez régulièrement récompensée par l'invention d'un corpus de sites archéologiques. La méthode de travail très personnelle - une liberté revendiquée - semble bien en valoir quelques autres ...

Le choix de ce moyen de communication (blog), correspond également

 à un désir d'indépendance, de souplesse et de transmission de connaissances peu diffusées voire totalement inédites. Je considère ces informations a minima nécessaires à la simple découverte de situations inconnues et inattendues et plus globalement utiles à la définition de nouvelles appréciations, de nouveaux angles pour des thèmes plus connus par ce qui en est dit, que par ce qui en est réellement su.

   

La pratique de la Recherche archéologique est un "sport complet" exigeant non seulement d'innombrables déplacements et investissements sur les sites, qui impose aussi un temps de réflexion souvent long, à désespérément long (!!), dans le cas optimal - et déjà pas si fréquent - où il est permis d'espérer arriver à la collecte de données physiques fiables. La plupart du temps, il est d'ailleurs plus prudent de clairement prononcer l'incapacité à avancer sur un sujet plutôt que de diffuser à tout prix des hypothèses gratuites et totalement invérifiables qui seront bientôt reprises et souvent déformées. La frustration de ne pas savoir, conduit trop souvent quelques auteurs " peu exigeants " à absolument vouloir dire "quelque chose", quitte à ce que l'intérêt archéologique disparaisse au-delà du  troisième plan.


Je n'éprouve pour ma part aucune difficulté à dire que les réponses sont toujours en cours d'instruction et que la prudence est de mise. Les quelques questions qui jalonnent mes travaux fournissent la matière utile à développer de nouvelles hypothèses de travail. Il faudra alors prendre garde à ne pas les considérer en tant que "vérités archéologiques". Tout change tout le temps !!    

Pour l'ensemble de ces raisons ( et quelques autres ) les documents ici publiés ne concernent pour le moment, et exclusivement, que des inventions personnelles de sites. Elles sont  accompagnées d'études élaborées au fil du temps, selon les opportunités techniques voire certaines circonstances humaines. Pour d'identiques raisons, les pistes de recherches actuelles que j'explore ne seront diffusées qu'en des délais tout à fait ...indéterminables. 

  • La présentation du blog évoluera certainement avec une meilleure maîtrise de l'outil. Il faudra donc se satisfaire d'un certain classement que j'espère provisoire. Vous aurez certainement le plaisir, en tant que "farfouineurs archéologues", de naviguer dans ces premières publications pour qui sait (?) éventuellement trouver satisfaction et ainsi participer aux investigations ...

  • Si certains documents vous intéressent , merci de me contacter pour un éventuel accord d'utilisation (textes - citations longues - avec référence de la source et photographies) : c'est avec sincérité et confiance que l'ensemble de ces informations est communiqué et je ne peux qu'espérer le réel partage des valeurs du respect du travail et des biens d'autrui. 

                        Espérant vous être utile autant qu'agréable,              

                                                                                            Christophe BIVOLAS   

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ORDRE D'APPARITION DES  ARTICLES

1.MEULIERE DE LA VEYRASSE (Taussac la Billière): un site probablement médiéval de très grande emprise en projet de labélisation UNESCO.

2. DOLMEN D1 Le mieux conservé de "mes" dolmens. Rare cas de tumulus partiel.

       Article en cours de développement

3. DOLMEN D2 "Le dolmen aux disques", le mobilier de disques de schistes est-il contemporain du monument ? 

4. DOLMEN D3 Discussion avec le lien supposé entre phénomène rupestre et mégalithique. 

5. GRAVURES COMPLEXES MULTIDECIMETRIQUES.

       Les "CLAVICEPHALES ARCIFORMES" Un type de gravure rare, défini pour la première fois

         Article en cours de développement

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1  MEULIERE          DE LA VEYRASSE

(HÉRAULT)

Ce texte est un condensé de mes recherches de terrain. Trois autres articles lui ont été consacrés.

BSR Occitanie 2015

Bulletin n°42 2019 SAHHCH

Le monde des moulins Trimestriel n°57 juillet 2016 (Le magazine de la fédération des moulins de France)

Aujourd'hui un projet de labélisation par l'UNESCO est en cours d'instruction.

CONSULTER: https://geoparc-herault.fr/?

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MEULIERE DE LA VEYRASSE

ARTICLE DE LA VEYRASSE

​La très grande meulière de la Veyrasse est située dans la commune de Taussac-la-Bilière, au sud du hameau de l'Horte et non loin de la commune de Lamalou-les-bains. La colline de la Veyrasse s'étend sur plus de 80 hectares, limitée au nord par le ruisseau de Tarriès (ou des Terriés), à l'ouest par le ruisseau du Bitoulet qui coule depuis l'Horte jusqu'à Lamalou-les-bains et l'Orb, au sud par le ruisseau de la Veyrasse qui la sépare des terres de Bardéjean, et à l'est par la route D13E12 qui conduit à l'Horte depuis son embranchement avec la D13.

Cette emprise d'exploitation permet de la placer parmi les plus grandes meulières d'au moins du "sud national" et sans doute d'un bien plus vaste territoire pour la période estimée. ​

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Le site, le massif sombre central de la photo, occupe quatre secteurs aujourd'hui reconnus, tous situés sur le versant est de la colline. Sur le versant ouest se trouve une ancienne mine de plomb et de zinc dont l'accès est condamné. La très grande majorité de l'espace qui est aujourd'hui un bien communal ne semble pas avoir connu de mise en culture en raison d'un substrat gréseux affleurant en tous secteurs ne permettant qu'un maigre  développement de végétation : quelques chênes verts, buissons erratiques et des résineux.  

​​

J'ai découvert les différents sites à extraction en 2013 et les ai déclarés auprès de la DRAC Languedoc-Roussilon (Bivolas 2015). La surprise d'une telle découverte a été assez complète: la meulière en tant que telle était totalement méconnue. Pourtant, de toute évidence, ce terrain inculte fut maintes fois arpenté comme probable lieu de dépaissance, utilisé en tant que carrière et compte une exploitation minière voisine. Actuellement on peut surtout y observer non loin du secteur V1 une zone de dépôt de déchets plus ou moins contrôlée ainsi que des activités de pleine nature telles que vtt, quad, randonnée, chasse. On sait également que de très nombreuses visites ont été réalisées par les commissions d'inspection du BRGM concernant la mine.



Ainsi peut-on s'étonner du fait qu'une meulière d'emprise aussi importante - environ 40 hectares !! - n'ait jamais été pointée. Les enquêtes menées auprès des populations locales et environnantes ont montré l'oubli complet de cette activité. Quant au toponyme "Veyrasse" orthographié de bien des façons - beyrasso, verasso, berasso...- qu'il soit lié à une racine hydronymique ou oronymique (ici nous avons les deux: colline et ruisseau) on ne peut en tirer d'information en lien avec l'activité de meulière.  

La meulière est totalement absente de la mémoire des habitants et n'a pas laissé - pour l'instant seulement souhaitons-le - davantage de mentions dans les documents consultés aux archives départementales. L'activité meulière n'est jamais évoquée et la raison de cette absence de mention est inconnue.

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ETUDES DE TERRAIN


C'est seul, que j'ai pointé au GPS  la position d'environ 180 éléments -140 alvéoles et 40 meules - en lien avec l'extraction des meules, qu'il s'agisse de tracés d'alvéoles, d'alvéoles réalisées à divers stade, de fragments de meules cassées, de meules encore solidaires du substrat voire d'une meule terminée avec le creusement de son œil.


Quatre zones ont particulièrement montré des concentrations d'exploitation. Ce n'est qu'après ces travaux de prospection personnels, qu'une équipe de bénévoles de la société archéologique de Villemagne - que je remercie infiniment !! -  est venue compléter les observations par des mesures plus précises de la majorité des situations ainsi que le besoin d'obtenir une meilleure lecture du terrain. Une telle découverte nécessitait de préciser et de classer un grand volume de données afin de déterminer des tendances de méthode de production. En effet il existe une importante variété d'informations sur le plan technique: dimensions, quantités, état d'achèvement et de conservation des meules, estimation des techniques d'extraction utilisées. 


Ce vaste banc de grès conglomératiques du Trias moyen (200 millions d'années) présente un aspect hétérogène avec un palette chromatique contrastée allant du plus pur blanc (silice) en passant par une infinité de camaïeux d'ocres, jusqu'au noir ébène. En ces surfaces on observe de très nombreuses diaclases qui ont régulièrement été mises à profit pour faciliter le travail des carriers. Inclure une meule entre des ruptures de matière minérale naturelles réduit la quantité d'efforts nécessaires.

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Ces diaclases doivent cependant être suffisamment espacées, les secteurs au maillage très fragmenté interdisent ce type d'exploitation. 

L'observation de nombreux stigmates résultant des différentes phases d'exploitation a permis d'échafauder un scénario vraisemblable des modes opératoires de conception et d'exploitation. La répétition exacte des phases techniques, et l'absence d'une immense majorité de meules par rapport à la quantité d'alvéoles, prouvent le succès d'une méthode éprouvée, écartant l'éventualité d'un amateurisme. Peu de place a été laissée à l'approximation dans la conduite des opérations.

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Le processus débute donc logiquement par la recherche d'un emplacement le plus favorable possible. La connaissance des qualités et des particularités de la structure géologique conduit le carrier à retenir des aires sises en des intervalles délimités par des diaclases compatibles avec les dimensions souhaitées de la meule. Des expériences ont montré que le détourage et l'extraction de la pièce peut durer plusieurs semaines. Mieux valait essayer de ne pas travailler autant pour rien !! La recherche d'une couche stratigraphique de grès homogène suffisamment épaisse d'au moins 40 cm réduit le risque d'échec au moment du très important effort de décollement de la meule.

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Ce site possède l'avantage de posséder un banc de grès directement exploitable et c'est donc dès la surface du plancher praticable que le carrier trace le diamètre de la meule à l'aide d'une corde tendue ou d'un compas. Le point central gravé est parfois toujours visible. 
Il s'agit alors de procéder à une phase de détourage consistant au creusement d'un petit fossé circulaire de 25 cm à 40 cm de largeur. Les traces d'outils observées longues et obliques permettent de déduire l'utilisation du pic plutôt que du burin ou de la pointerolle. Ce sillon de détourage est creusé jusqu'à une profondeur correspondant à l'épaisseur voulue pour la meule. L'idéal est de rencontrer à ce niveau-là un joint de stratification qui facilitera le décollement. On note en plusieurs cas l'abandon de ces travaux de détourage sans doute en raison de fissures rédhibitoires à la réalisation. Une pierre fissurée ne devait pas résister très longtemps aux contraintes mécaniques liées à son emploi et il était préférable de stopper la production ici à la carrière. La fréquence de ce genre de renoncement est estimé à environ 15% des situations (35 observations sur 240 cas).

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Lorsque l'opération est réussie à ce stade, il faut alors procéder au détachement, à l'arrachement de l'importante masse. Pour cela il est creusé des encoches - de 3 à 6 selon les configurations - en fonction du degré d'inclinaison du terrain, de la densité et de la dureté de la roche, le diamètre de la meule et sans doute le nombre de bras disponibles ...


Des coins de métal voire de bois ou encore associant le bois et le métal... étaient le plus souvent insérés dans les emboîtures (encoches) réalisées au burin ou à la pointerolle, à la base de l'épaisseur de la meule.

L'utilisation de pinces est également parfois attestée en différents sites et l'on constate ici la présence de longues encoches, larges de 10 à 20 cm, profondes et creusées dans la paroi externe du fossé de détourage. Les encoches sont inclinées à environ 45° pour permettre le passage de ces pinces-leviers. Ce scénario est plus que probable (sinon à quoi bon réaliser ces encoches ?) mais il n'a pas été corroboré par la découverte du moindre outil sur le site de la Veyrasse.

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En quelques endroits où la puissance du substrat est suffisante, on remarque que plusieurs meules ont été extraites de manière "superposée" : après l'enlèvement de la première en surface, on réitéra le processus au même endroit autant de fois que l'épaisseur de la strate le permettait.

Il en résulte une alvéole de plus en plus profonde à la manière d'un puits ou plus exactement d'un demi puits pour son diamètre, car cette technique afin de faciliter la mise en œuvre de l'extraction s'opérait sur des fronts de taille, en bordure de banc.



Après l'extraction de l'ébauche, il faut la façonner pour en faire enfin une meule. La présence sur le site de meules presque prêtes à l'emploi semble indiquer que cette dernière opération était effectuée sur place. Il fallait régulariser les faces pour les rendre planes et abrasives et creuser l'œil central de 15 à 20 cm de diamètre de manière régulière et cylindrique.

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TROIS FAMILLES DE SITUATIONS

  • Les essais de détourage abandonnés avant décollement des ébauches (15% des cas).Les ébauches décollées, abandonnées sur place à cause de faiblesses structurelle pouvant aller jusqu'à la fracture (17 observations soit environ 8% des cas).

  • Ensemble des alvéoles montrant une réelle extraction des ébauches (85% des cas).

Une exception concerne une seule meule avec œil qui est parfaitement régularisée et qui semble quasiment prête à la livraison. Elle échappe à la classification.

​​

Malgré tous les travaux d'extraction, de taille et de finition réalisés sur place, le terrain ne présente pas de gros amas de déchets. Les ruissellements ont comblé bon nombre d'alvéoles, ce qui favorise le développement d'une végétation arbustive dans les sédiments ainsi accumulés. Il n'a pas été repéré le moindre vestige de construction ou de bâtiment pouvant être associé à cette exploitation. 

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LES ALVEOLES

Si les meules sont bien sûr très intéressantes, et je reviendrai sur un certain nombre de données par la suite, les alvéoles sont riches d'enseignement. En effet ces traces en "négatif" nous apprennent beaucoup du travail des carriers.  Nous venons de voir les traces d'outils encore nettement visibles par endroits et nous allons en évoquer d'autres. Le site de la Veyrasse s'il ne nous a pas été légué par la voie écrite est très intéressant pour les stigmates qui nous livrent de nombreux indices pour peut-être ultérieurement proposer une destination d'emploi ainsi qu'un placement chronologique.    

Examinons de plus près ces cavités qui sont plus complexes que ce qu'il peut  sembler de prime abord.

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Des meules  ci-dessus en secteur V2 et ci-après de très grandes alvéoles en secteur V1

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L'illustration ci-dessous permet de comprendre tout le processus de creusement et d'élaboration. On peut y voir les emboitures, les encoches, le détourage, les traces d'outils ainsi que les stigmates d'arrachement de la meule (le fond). Les alvéoles sont aussi importantes à étudier que l'objet meule qui est, je le rappelle, relativement peu présent. Cela se comprend aisément car une très grande quantité de meules par rapport au nombre d'alvéoles indiquerait un taux d'échec élevé: à quoi bon alors poursuivre l'exploitation en ce secteur ? Il est logique de compter beaucoup plus de traces d'extractions que de produits finis.
Les repérages à ce jour établissent la présence de 205 alvéoles et de 49 meules. Cet indice m'incite à penser qu'il pourrait exister d'autres alvéoles à découvrir.

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Tous les secteurs n'ont pas été intégralement prospectés et il n'est pas exclu que d'autres zones aient été mises à profit. 

Le secteur principal nommé V1 est le plus riche en vestiges. Il s'étend sur près de 200 m d'est en ouest et 150 m du nord au sud. Un ancien chemin de charroi y est encore repérable par endroits. Il n'apparait sur aucune des cartes connues. Son tracé fut réalisé postérieurement à l'exploitation de la meulière puisqu'il recouvre plusieurs alvéoles en se dirigeant peut-être vers le lieu d'exploitation de la mine sise sur l'autre versant.



Au sud-est de V1, le secteur V2 s'inscrit dans une aire d'environ 100 m sur 50 .  



Au nord de V1, proche de la départementale D13E12, l'essentiel du secteur V3 correspond à une proéminence rocheuse fortement exploitée sur un espace plus réduit de 40 m sur 20 m.

Le secteur V4 est situé à l'Est de V3, de l'autre côté de la départementale et sur la rive droite du ruisseau des Tarriès. En cet endroit, le banc de grès est recouvert d'une couche de sédiments et d'alluvions ayant permis une mise en culture et favorisant la végétation. De ce fait, la prospection en est rendue difficile: 10 alvéoles "seulement" y ont été répertoriées dans une petite parcelle et aucune mesure de meule n'a pu être effectuée.



Les quatre secteurs ne marquent pas de disparité de technique d'exploitation, ce qui permet de considérer un unique ensemble cohérent.   

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Ce relevé des alvéoles et des ébauches de meules a été formalisé par M.SCANZI qui a aimablement donné l'autorisation de communiquer ces documents. Nous avons co-écrit l'article qui se trouve dans le bulletin n° 42 de la SAHHCH. Les graphiques sont également de sa main. Ces documents permettent de mieux comprendre et visualiser la densité des localisations.
Le secteur V1 est le plus dense. Les autres secteurs sont montrés ci-après.

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Concernant les mesures, il a fallu traiter les données de 258 cas (alvéoles et ébauches) pour connaître le diamètre de 79 meules, soit par mesure directe de l'ébauche (45 cas) soit par mesure de l'empreinte dans l'alvéole (34 cas).

​Cet échantillon est-il représentatif de l'ensemble de la meulière ?

Le diamètre moyen est de 127,6 cm. Les deux plus petites meules ont un diamètre de 80 cm et 3 meules seulement se placent en deçà du mètre. La plus grande (une ébauche non extraite) possède un diamètre de 180 cm et 6 meules dépassent 150 cm. L'intervalle 100-145 cm est nettement marqué avec un pic vers 140 cm. Les deux-tiers ont un diamètre compris entre 120 cm et 145 cm.

Ces données sont-elles suffisantes pour considérer des attributions ou des périodes d'emploi différentes ? La proximité de galeries minières médiévales pourrait suggérer l'hypothèse d'une utilisation pour le broyage du minerai. Aucun vestige n'en témoigne formellement, aucun fragment de meule n'a été signalé à ce jour. Il semble de plus que pour telle utilisation il était surtout employé des meules dont le diamètre était compris entre 80 cm et 95 cm (Benoit, Bailly-Maître, Dubois 1997 ; Bailly-Maître 2002 ; Beaugnon 2013).

Il pourrait alors s'agir d'un emploi pour une mouture alimentaire - céréales - les caractéristiques de ces meules ne convenant pas pour la trituration des olives. Les recherches menées dans les moulins du secteur n'ont montré aucun lien démontrable avec le site.

DATATION

On a remarqué une régulière augmentation du diamètre des meules durant l'époque médiévale. "S'ils sont compris entre 50 cm et 80 cm au V°s. on remarque, pour la période antérieure à l'an mille, une progression régulière des diamètres, mais les valeurs restent généralement inférieures à 90 cm-1 m. A partir des XI ° -XII° s. le diamètre dépasse le mètre et la progression se poursuit jusqu'à 160 cm voire 2 m au XVI° s." (Belmont, Jacottey, Lepareux-Couturier 2016)

La période XIII°-XV° siècle est donc envisagée, ce qui permet de mieux comprendre l'absence de documents car les archives de l'Abbaye de Villemagne propriétaire de ces parcelles dès le Moyen Age, ont disparu lors des Guerres de Religion et à la Révolution. De la même manière avec une datation aussi haute, il y a peu de chances que ces meules, usagées et mises au rebut depuis longtemps, se trouvent encore dans les ruines des moulins.

​​

La quantité élevée d'alvéoles (plus de 200) prouve sans ambiguïté que le secteur de la Veyrasse a connu un succès remarquable au sein du monde meunier. Il ne s'agit pas d'un site local comparable aux deux ou trois extractions parfois relevées en proximité de moulins (La Gure (Mare), Le Vialais (Héric)...). Le site de la Veyrasse relève d'une autre catégorie que ces exemples locaux. Le volume de production est ici incomparable par la densité des réalisations et le caractère évidemment organisé et systématique. L'absence de documentation ne permet pas d'apprécier l'importance et le rayonnement du site sur le territoire. Les seules données de terrain avec l'étendue, la quantité et la richesse des vestiges en font une carrière remarquable et spectaculaire qui correspond à ce que le chercheur A.Belmont classe parmi les "meulières régionales".

CONCLUSION

La période d'exploitation n'est pas définitivement assurée, pas davantage que l'est son placement chronologique en l'absence de documentation. De la même manière on ne sait que peu de choses de l'organisation des chantiers, du personnel employé et des différents acteurs qui y ont œuvré ou encore de la zone de diffusion de la production ainsi que des moyens de transport utilisés et des voies empruntées. 

La quantité et la richesse des stigmates permettent cependant de reconstituer de manière claire et précise tout le processus d'extraction. 

Le diamètre des meules extraites permettrait d'écarter un emploi minier médiéval. Il pourrait davantage s'agir d'une utilisation de mouture de céréales entre le XIII° et le XV° siècle.

Les inconnues sont nombreuses mais la meulière de la Veyrasse  possède d'indéniables atouts pédagogiques pour la compréhension de l'exercice de fabrication des meules. Elle constitue aussi un ensemble patrimonial digne d'intérêt. Autant de raisons qui pourraient conduire à une mise en valeur du site. 



ADDENDUM

Je guide des groupes sur le site lorsque le nombre de visiteurs atteint une douzaine de personnes. De 2h à 3 h de visite selon l'envie des participants. J'y ai également amené mes élèves du club ARKEORB que j'ai fondé. Le site fait aujourd'hui partie d'un projet de labélisation auprès de l'UNESCO.



Voir lien  https://geoparc-herault.fr/?

FIN DE L'ARTICLE

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2 DOLMEN D1

Parmi mes inventions, voici le plus complet et le plus imposant des dolmens (avec tumulus partiel)

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DOLMEN D1

STRUCTURE MEGALITHIQUE

Dalle de chevet en place (en clair au fond dalle verticale)

ORTHOSTATES LATERAUX (en appui par leurs "sommets")

GRANDE DALLE DE COUVERTURE (après glissement à gauche de la photo)

PORTION DE TUMULUS (en coupe à droite)

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DOLMEN D 1

TEXTE EN COURS DE PUBLICATION  

MERCI DE PATIENTER

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3 LE DOLMEN               AUX DISQUES D2

(ARTICLE COMPLET)

Résumé
En secteur Caroux, découverte d'un dolmen à chambre simple. Un mobilier composé de quatre disques en schiste trouvés en surface, présente des caractéristiques suggérant des rapports entre eux.

LE DOLMEN AUX DISQUES (Dol.2)

Christophe BIVOLAS

La poursuite régulière des prospections dans le secteur Caroux permet l'actualisation de la carte archéologique. Un volume à présent significatif de nouveaux relevés favorise l'appréhension de certaines logiques de fréquentation du territoire. De précieuses informations la plupart du temps inédites, ont été patiemment collectées pour favoriser une longue série de découvertes pour les domaines rupestres et mégalithiques.

Nous signalons ici l'existence d'un dolmen qu'aucun document ne mentionne. A la manière du «Dolmen D.1» (1), il interroge à son tour sur la systématisation de certaines «vérités archéologiques» tant de fois énoncées. Ces deux mégalithes seraient-ils si atypiques vis-à-vis des constantes formulées dans tant de publications ? Nous sommes davantage enclin à comprendre une plus grande complexité du sujet, sur la base de l'actualisation des travaux des récents travaux de prospection. Il ne paraît ainsi pas saugrenu de reconsidérer, à la lumière de données inédites, une nouvelle approche du phénomène mégalithique du secteur.

Il n'existe aucune mention toponymique qui témoignerait de la connaissance du monument. Le monument a été oublié. Cette situation restera inchangée tant que des fouilles dûment menées ne seront pas autorisées. La priorité absolue est donnée à la conservation et la préservation de ce très fragile patrimoine multi-millénaire. (1) (2)

Contexte lithologique

La nature géologique des formations rocheuses affleurantes est surtout constituée par des concentrations de gneiss, schiste et micaschiste. La partie sud du col compte des amas de roches altérés en surface. Ils montrent de nombreuses diaclases qui, en certains secteurs, aboutissent à une très forte fragmentation des blocs. Les contours plutôt arrondis de ces éléments ainsi que leur faible volume ne permettent pas de les utiliser pour la construction de la structure de la chambre d'un dolmen. Le secteur nord plus chaotique encore, se caractérise par la constitution d'un important éboulis dont les dimensions des blocs sont nettement plus élevées, atteignant parfois plusieurs mètres. Les dalles aux périmètres assez irréguliers ont tendance à présenter dans leur épaisseur des arêtes rectilignes, l'ensemble donnant un aspect plutôt parallélépipédique. Les dalles en schiste aux couches feuilletées plutôt épaisses et irrégulières – mais qui ont pu être régularisées - proviennent probablement de l'effondrement partiel du petit éperon rocheux surplombant le nord du col.

Contexte paysager et géographique

Le dolmen se trouve en versant ouest, non loin de la ligne de crête plutôt douce et praticable qui se développe sur environ une trentaine de mètres, en délimitant deux versants globalement tournés vers l'est et l'ouest. Il est placé dans la partie basse dudit col, en bordure de sa limite nord. Si le degré de déclivité du sol aux alentours du dolmen n'est pas négligeable, il autorise des déplacements relativement aisés. La situation est autrement plus scabreuse lorsqu'il s'agit de parcourir le versant ouest très escarpé qu'il domine. Le secteur est dissimulé par un boisement de chênes verts et de châtaigniers sauvages. Le sol quant à lui, n'est couvert que par une rare végétation clairsemée. Quelques buis peu fournis à leur base parsèment irrégulièrement la périphérie de la sépulture. Le sol sur quelques centimètres d'épaisseur est surtout formé par des strates d'accumulations de terre et de feuilles.

A une petite centaine de mètres, versant ouest, on devine quelques indices du tracé d'un chemin étroit, sinueux et fortement raviné, partiellement caladé. Il demeure difficile en ce secteur rocheux aux pentes raides de décrire une des nombreuses drailles assez souvent délimitées par des dalles dressées ou des murettes. Le sentier ne conduit de toute façon pas au col et aucun élément ne permet de comprendre un quelconque lien physique avec le dolmen.

Description du dolmen

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DOLMEN D2

  ORTHOSTATES LATERAUX TRES INCLINES

  DALLE DE COUVERTURE REGULARISEE (à droite de la photo)

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Fig.1 Dolmen aux disques. Orthostates inclinés vers le sud et dalle de couverture au sol. Vue vers l'est.

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Fig.2 Plan schématique. Emprise au sol. Orthostate nord 233 cm orthostate sud 189 cm. Dalle de couverture grisée 140 cm X 262

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Fig.3 Coupe schématique à hauteur du milieu de la longueur de la chambre.

Note: La figure 3 ne permet pas de rendre compte du degré de pente du sol vers le sud. Il faut pour cela se référer à la figure 1. La sépulture est placée sur un axe est-ouest très proche des 90 grades. Le monument complet avec son tumulus devait présenter un volume relativement considérable, déduit des dimensions suivantes:


Longueur orthostate nord: 233 cm

Largeur (hauteur) visible: 90 cm

Longueur orthostate sud: 189 cm

Largeur (hauteur) visible: Env. 95 cm

Longueur dalle de couverture: 262 cm

Largeur: 140 cm

Vide interne entre les bases ouest:101 cm

Vide interne entre les bases est: 105 cm

La hauteur de la chambre du dolmen était sans aucun doute plus importante. Les orthostates en position proche de la verticalité sont érodés par la pénétration de l'eau – météorisation des roches par gélifraction – a affaibli un schiste que l'on rappellera feuilleté.

Il est raisonnable d'ajouter une vingtaine de centimètres pour avoir une vision assez proche de l'état initial supposé de l'ensemble. La mesure serait ainsi comprise entre 110 et 120 cm. Cette dimension des éléments latéraux est sans doute suffisante pour estimer approximativement le volume du coffre. Pour confirmer totalement cette hypothèse il faudrait retrouver la dalle de chevet qui – habituellement dans ce type de dolmen – était engagée.

Les calculs du cubage du tumulus de D.2 s'inspirent de la comparaison avec des dimensions de la chambre de D.1 (2) assez proches. Il avait alors été estimé un volume avoisinant 40 m3.

Les mesures des épaisseurs et des longueurs des dalles sont exactes tandis que celles des hauteurs ne sont qu'indicatives en raison du contact avec l'épaisseur sédimentaire. L'accès aux contours enterrés n'est pas envisageable sans risque de déchaussement des dalles. Ne subsistent du dolmen que les montants latéraux fortement inclinés vers le sud, atteignant 33° pour l'orthostate nord et 20° pour la dalle sud. Sous un délai indéterminable, la compréhension de la réalité du dolmen sera extrêmement contrariée puisqu'on ne pourra alors voir que trois dalles côte à côte, ou se chevauchant au sol. Le recouvrement par les épaisseurs sédimentaires et végétales apportées par les eaux de ruissellement sera alors inéluctable. Notre description arrive donc peut-être à point nommé pour sauver le monument d'un oubli définitif.

Le dolmen est dans une phase proche de sa destruction définitive. La dalle de chevet souvent régulièrement travaillée peut avoir attiré les convoitises et se trouver parmi les éléments de l' appareillage d'une murette, d'un abri , voire d'une capitelle. Le tumulus ayant subi un épierrement intégral ne laisse plus d'indice pour permettre la localisation du couloir. On ne peut que la supposer en comparant avec d'autres sites comme D1(1). L'épaisseur sédimentaire dans la partie basse de ce col peu représenter plusieurs dizaines de centimètres par endroits et il n'est pas exclu que certains éléments soient recouverts à seulement quelques mètres de l'implantation originelle. Nos recherches de surface, les seules envisageables dans le cadre de la prospection, n'ont à ce jour donné aucun indice exploitable. Il faudrait pouvoir mener des travaux de fouille pour en dire davantage.

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Fig.5 Vue de la dalle de couverture et de l'orthostate sud en direction de la forte pente vers l'ouest.

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Fig.6 Partie sud-est. Dalle de couverture très régulière. Contour précisé par le liseré blanc à droite.


Toute la surface de la dalle de couverture est au contact du sol. Elle est en position quasi-parallèle au sens de la longueur de l'orthostate sud. S'il n'y a plus de tumulus compréhensible, il est cependant vraisemblable de penser que le dolmen n'a pas pu s'en passer. A cela au moins deux raisons :

1) La stabilisation de dalles de plusieurs tonnes se conçoit mal sans le soutien d'une masse importante s'opposant à la poussée.

2) Il serait également délicat d'expliquer la phase de dépose de la dalle couvrante massive (Fig5 et Fig.6) à plus d'un mètre du sol sans recours à un appui au moyen d'une sorte de rampe d'accès constituée par la partie basse du tumulus.

L'épierrement du tumulus semble avoir précédé la chute de la dalle de couverture car aucun appareillage n'est actuellement observable ni autour ni sous elle. Les inclinaisons marquées des orthostates – privés de son soutien – ont été accentuées au moins en partie, sous l'action du ruissellement. En secteur sud, le ravinement a simultanément emporté les matières organiques et minérales tandis qu'il en a concentré en un secteur nord contre l'orthostate – perpendiculaire à la pente – en contrariant l'écoulement naturel.

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Fig.7 Au nord du dolmen, accumulation sédimentaire et végétale buttant contre l'orthostate nord.

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Fig.8 Mécanisme d'érosion fragilisant le monument.


La dalle couvrante présente des faces régulières qui peuvent correspondre à un état originel sans qu'il faille forcément songer à une mise en forme anthropique. Nous n'avons pu comprendre la présence de stigmates liés à un épannelage de mise en forme (longueur, largeur, épaisseur) pas plus qu'à l'atténuation d'éventuels défauts de planéité. Les arêtes des côtés est et ouest saillantes et nettes correspondent à ce que nous avons décrit pour les dalles "naturelles" qui se trouvent dans les éboulis au nord du col.

La chambre rectangulaire était certainement simple, aucune variation de largeur ou d'élargissement interne n'est compréhensible. Il n'y a pas d'indice de séparation, de cloisonnement dans la chambre.

Quel était l'emplacement de la dalle de chevet ? A l'est ou à l'ouest ? Bien que toutes les caractéristiques techniques ne soient pas identiques pour les deux monuments, nous avons pris en compte plusieurs caractéristiques communes aux dolmens D1 et D2. Si l'on considère leurs seules particularités physiques, on observe que les deux constructions sont à proximité de la matière première qui pouvait être collectée parmi les éboulis d'une carrière naturelle. Leurs   dimensions sont comparables tout comme leurs orientations très voisines.

Nous savons que D1 possède une dalle de chevet en place du côté ouest. La situation devait être identique en D2 puisque la chambre est sise à quelques mètres seulement d'un vide que tangentait le tumulus côté ouest. Il est ainsi obligatoire de déduire l'existence d'un couloir du côté est quant à lui parfaitement accessible.

Les disques du dolmen

MOBILIER

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Fig.9 Quatre disques dont trois trouvés dans la chambre et le périmètre du tumulus.


Le disque de plus grand diamètre fut découvert à l'intérieur de la chambre, contre l'Orthostate sud. Les deux autres se trouvaient au contact l'un de l'autre, à environ deux mètres en contrebas de la dalle de couverture. Le plus petit, d'une remarquable régularité tant pour le périmètre que pour son épaisseur, provient de la limite avec les taillis voisins. Dans un premier temps, nous avions considéré son indépendance vis-à-vis de la sépulture pour finalement changer d'avis lorsque nous avons découvert à peu de distance un peu plus haut, les autres disques. En toute rigueur rien ne permet de lier les disques au dolmen car ils peuvent avoir été apportés à un moment indéterminable. Si les artefacts peuvent renseigner sur des phases d'utilisation ou d'occupation d'un site, ils n'en garantissent pas toujours pour autant la genèse. Dater la cire d'une bougie n'a jamais donné l'âge d'une église.

Il est à remarquer - sans pouvoir en déduire quoi que ce soit - que les disques possèdent des diamètres dont les valeurs laissent songer à une suite arithmétique. Signalons simplement cette situation sans chercher forcément à en donner une interprétation. Nous mentionnons seulement ce fait assez surprenant qui, à notre connaissance, ne rappelle aucun autre cas.

L'étude du dolmen III des Selhols, (4) signale la présence de quelques fragments et de plusieurs disques. «Notons que des disques aménagés ont été trouvés aux dolmens des communes de Combes et de St Vincent d'Olargues».

L'association des disques aux mégalithes semble donc une pratique de plus en plus observée, à moins que ces découvertes ne s'expliquent aussi par la plus grande attention portée en ces lieux ? Nous signalons avoir trouvé d'autres disques isolés en divers secteurs sans pouvoir comprendre non plus de lien avec des dolmens. Cette variation régulière de dimension n'est peut-être finalement qu'un concours de circonstances, mais nous reposerons la question sous un autre angle un peu plus loin.


TECHNIQUE DE TAILLE


Il faut constater qu'un biseau possédant des retouches parcourt l'intégralité du pourtour des disques. Cet élément a laissé penser qu'il s'agissait d'un système de stabilisation, de calage d'un éventuel système de fermeture d'un contenant. L'obtention de ce profil particulier pourrait résulter de l'exercice de taille de la plaque de schiste. Pour obtenir un pourtour régulier, il est nécessaire de retoucher par percussion la tranche depuis l'extérieur vers l'intérieur. Il en résulte automatiquement des éclats qui dentellent l'épaisseur ainsi que le verso . Le biseau n'a alors peut-être pas de raison d'être "utilitaire". Il fut supposé une utilisation des disques en tant qu'obturation de récipients en de précédents articles. Cependant, la rareté des tessons de céramique collectés, ici leur inexistence, ne permet pas d'étayer cette hypothèse. L'autre difficulté tient à la masse trop importante de certains artefacts qui aurait écrasé sous son poids, le récipient pour certains disques tel que celui estimé à environ 3 kg (4). De plus, si les diamètres des «bouchons» devaient correspondre à celui des cols de récipients, on devrait considérer des volumes importants. Ces dimensions induiraient une quantité de céramique considérable que l'on ne retrouve pourtant pas. Les pilleurs ont-ils toujours et uniquement emporté les céramiques sans jamais récupérer des bouchons pourtant très utiles? Cela ne semble guère convaincant : le mystère reste entier.

CONTEXTE MEGALITHIQUE

S'il est accepté un rapprochement entre dolmen et disques - l'un d'eux se trouvait dans la chambre et deux autres à 3,5 m - il faut envisager plusieurs scenari pour une situation atypique. Les mesures des diamètres soulèvent au moins les interrogations suivantes.

Les disques sont-ils contemporains de l'édification du monument ou ont-ils été apportés ultérieurement ?

Le positionnement en surface peut dans un premier temps laisser penser à une phase chronologique relativement peu ancienne par rapport au dolmen. Il ne faut cependant pas oublier que notre description du site ne peut qu'être incomplète en l'absence de fouilles. Il n'est pas exclu que d'autres éléments de structure et de mobilier soient accessibles en des couches stratigraphiques (US) plus profondes.

Doit-on comprendre un rapport entre les quatre disques issus d'un même site possédant d'identiques variations de dimension entre eux ? Pourquoi pas car pour d'autres artefacts – perles par exemple – lorsqu'il est remarqué une proche ou identique facture (composition, technique, diamètre) les archéologues les associent et les mettent en rapport. En ces cas, la notion de hasard n'est jamais évoquée, il est question d'unité voire de « signature ». Nous ne comprendrions alors pas qu'il en soit objectivement différemment pour ces disques découverts dans un même site (et deux en connexion) et dont d'autres exemplaires sont également signalés en contexte mégalithique.

QUELLE(S) FONCTION (?)

Faut-il songer dans ce rapport de mesures à une sorte de consignation raisonnée ? Les diamètres et la technique de débitage sont maîtrisés. En d'autres sites, il est signalé la présence de moitiés de disques: est-ce un hasard sans intérêt ou bien peut-on oser l'associer à nos observations pour comprendre un rapport de mesures ? Faut-il privilégier dans les recherches, l'importance des dimensions des disques et des demi-disques – trouverons-nous d'ailleurs un jour des «quarts» ou des «tiers» de disques si nous les cherchons ? – Ou bien faut-il en contexte mégalithique songer sans le moindre doute à une démarche cultuelle ? Aucun élément ne permet encore de privilégier sérieusement un quelconque emploi. Nous ne pouvons qu'écarter la thèse d'un rapport avec un contenant en céramique.

ETAT DE CONSERVATION DES DOLMENS

Pour le «Dolmen aux disques», il est non seulement difficile de déterminer l'époque de sa construction mais aussi de connaître la période de sa destruction. Cette deuxième phase est peut-être à mettre en relation avec la mise en culture castanéicole. Le besoin impératif de création de nouvelles surfaces à exploiter en raison d'une forte expansion démographique, à la fin du Moyen-âge conduisit à l'aménagement de terrasses permettant de retenir une terre vivrière (nourricière) précieuse. Les dolmens ont pu constituer une opportunité de réserve de matière première aisément utilisable.

Notre pratique du terrain permet globalement d'identifier cinq facteurs expliquant les différents états de conservation des dolmens du secteur Caroux.

a) Le fait qu'il soit observé une grande application à l'intégrale disparition du tumulus en surface, suggère des décisions de remploi. Les dalles beaucoup plus massives que ne le sont les éléments du tumulus n'ont pu être déplacées. Cette même situation a été gérée différemment pour D.1 car au lieu de démanteler la totalité de la masse du dolmen, on a préféré l'utiliser comme un point d'ancrage stabilisant, permettant de créer une surface plane exploitable au niveau supérieur. Pour le secteur environnant D.2, il n'y a pas eu nécessité à l'aménagement d'une parcelle, le col étant suffisamment large et praticable. Dans le cas présent, la conservation du dolmen n'était donc pas une priorité et ses éléments déplaçables purent être éparpillés. En effet, dans le cas d'une destruction mécanique lente sans intervention humaine, une grande part de la structure tumulaire devrait être encore observable en surface dans une périphérie plus ou moins immédiate.

b) La gestion et le traitement du monument sont nettement différents lorsqu'il s'agit d'un tènement dont le sol est particulièrement pauvre, ne convenant pas à une mise en culture. La parfaite illustration est donnée sur le plateau du Caroux parsemé de roches, de lande et de bruyère callune. Le site du dolmen est (6) présente un éparpillement de petites dalles au pourtour immédiat de sa chambre. La sépulture a - comme toujours - été fouillée mais toutes les dalles du tumulus n'ont pas été déplacées. La mise en culture étant nulle et les besoins de matière pour un appareillage de bâti n'étant pas nécessaires – pas de murs à construire – le dolmen fut moins sollicité.

c)L'observation du cas du dolmen D1 (2) est très instructive pour présenter une zone sud épierrée correspondant à une mise en culture - ne subsiste qu'un lourd bloc d'arrêt de la base du tumulus - et une zone nord tumulaire sans doute bien conservée dans l'épaisseur de la parcelle supérieure, elle aussi dédiée à la mise en culture.

d)Les fouilles clandestines, nécessitant le démantèlement partiel et favorisant la destruction définitive à plus ou moins long terme des monuments.

e) La favorisation de la fréquentation touristique.

Sans parler d'une navrante incitation touristique qui parfois favorise catastrophiquement le  développement d'actions délétères TOTALEMENT INUTILES !!!

CONCLUSION

L'état de conservation du «Dolmen des disques» ne permet pas d'assurer absolument que ses caractéristiques techniques d'agencement architectural trouvent une incontestable parenté avec un type dit «caussenard». Nos observations se limitent à mettre en perspective seulement quelques rapprochements techniques. Sa découverte constitue un nouveau jalon pour la précision de certains contours de la carte archéologique du secteur Caroux. Les dimensions du monument s'inscrivent dans la moyenne supérieure des dolmens répertoriés.

La présence de disques de schiste évoque d'autres sites mégalithiques, non seulement dans le nord-ouest du département héraultais mais aussi en Cévennes gardoises. Le nombre des occurrences ne serait pas négligeable et semblerait témoigner d'une pratique à déterminer, sans doute en liaison avec un monde agro-pastoral en des périodes mal déterminées, selon les sites. Le fait nouveau est ici constitué par le nombre et le constat de diamètres de disques que l'on pourrait échelonner. En existe-t-il d'autres ? Ces artefacts ont-ils été conçus pour être considérés sous l'angle mathématique ? Quelle(s) raison(s) avancer pour expliquer leur présence en contexte mégalithique ? En l'absence de fouilles, les présentes données ne sont qu'une première approche du site.

Il se produit de manière très exceptionnelle – j'insiste ! – que soit décrite la présence de cupules sur une dalle de dolmen sans toutefois que leur contemporanéité ait été un jour formellement prouvée. L'exercice est périlleux et les démonstrations d'activités cultuelles contemporaines et indiscutablement liées aux dolmens sont rarissimes en secteur Caroux.


Si l'on trouve la mention du lien « évident » entre le phénomène mégalithique et la pratique d'un art rupestre dans un nombre étourdissant de publications, il reste pour moi très nettement à établir, en tous cas avec plus de précision. Je déplore que beaucoup d'auteurs instillent dans l'esprit d'un public - qui leur fait confiance - des automatismes qui ne sont en rien incontestablement corroborés par le terrain. 

Il n'est pour moi nullement question de proposer une nouvelle théorie totalement infondée - il en existe déjà tant ! - mais question de simplement réfléchir à l'éventualité du caractère cultuel que ces disques pourraient avoir joué. Ils ont très majoritairement (mais pas toujours..) été découverts en contexte mégalithique tandis que les cupules si présentes dans un grand nombre de secteurs, sont la plupart du temps totalement absentes de l'environnement immédiat de la sépulture.

Le disque, artefact aux incontestables similarités formelles avec les bassins et les cupules, - s'il est contemporain – accompagnait-il le ou les défunt(s) ?

BIBLIOGRAPHIE

Toutes les documents et les figures sont de l'auteur.


(1) Abelanet 1990 : ABELANET (J.) Les roches gravées Nord Catalanes C.R.E.C Centre de Recerques i d'Estudis Catalans Universitat de Perpinya Prehistoria de Catalunya Nord N°5 du CEPC Centre d'Etudes Préhistoriques Catalanes Revista Terra Nostra Prada


(2) Bivolas 2014 : BIVOLAS (C.) - Bulletin n°37 SAHHCH – Le dolmen de Combes «dol.1»

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4 DOLMEN D3

RESUME DE LA DISCUSSION AVEC LA THEORIE ASSOCIANT SYSTEMATIQUEMENT ART TRUPESTRE ET MEGALITHISME

L'apport d'un volume de données de terrain de plus en plus important nourrit quelques réflexions relatives à certaines considérations archéologiques locales. Qu'en est-il de l'établissement avéré d'un rapport systématique et contemporain entre l'expression rupestre schématique et le phénomène mégalithique ? Les inventions du dolmen «D3» et d'éléments rupestres voisins représentent à l'heure actuelle pour la moyenne vallée de l'Orb, une sorte d'exception statistique.

Les prospections personnelles menées dans ce secteur livrent parmi de multiples observations diachroniques et pluridisciplinaires, l'invention d'un nouvel ouvrage mégalithique «D3» relativement proche - une fois n'est pas coutume - de quelques cupules ainsi que d'un modeste site rupestre d'art schématique constitué de plusieurs cupules et rigoles à quelques décamètres en contrebas. Un relief géologique plutôt accidenté arrête rapidement le regard sur l'axe nord-sud du versant ouest et il ne semble guère judicieux de parler de proximité au delà de cette distance. La notion de «proximité» est donc dans ce cas exceptionnellement tolérée. Le rapport très souvent développé entre les deux phénomènes en d'innombrables publications ne représente pas ici une évidence. En effet, certains chercheurs comme J. Abelanet avec qui j'ai échangé sur le sujet, n'hésitent pas par exemple dans les Pyrénées (1), à considérer comme allant de soi des rapprochements entre des dolmens et des sites rupestres pourtant séparés de plusieurs hectomètres, voire fréquemment par plusieurs kilomètres.


Si un rapport cultuel malgré ces distances très importantes est là-bas possible, l'ampleur du territoire montagneux de la moyenne vallée de l'Orb lui est nettement inférieure. Il paraît ainsi assez discutable d'importer automatiquement en nos lieux les hypothèses développées en contexte pyrénéen. La considération d'un rapport de nature cultuelle et thématique d'après le seul critère de «proximité géographique» - lui même déjà discutable - constitue seulement une possibilité. Des associations et des liens artificiels entre des sites peuvent naître de l'acceptation systématique de prétendus voisinages entre des éléments qui ont peut-être des natures de rapports autres que ceux imaginés. 

L'étude du sujet rupestre est excessivement complexe et l'on éprouve quelques difficultés - doux euphémisme - pour attribuer la genèse de cette pratique sachant par exemple que la gravure des cupules est établie en des ères parfois séparées par plusieurs millénaires. Cet art rupestre est observable depuis au moins le Paléolithique récent (cupules associées à des vulves triangulaires, Aurignacien moyen, La Ferrassie), il est assez commun tout au long du Néolithique, occupe le Chalcolithique et poursuit son emploi en période protohistorique, Antique, au Moyen-Age et sans le moindre doute jusqu'à la première moitié du vingtième siècle. Comment dès lors avancer sereinement telle ou telle ancienneté des cupules, rigoles et bassins sur la base d'un rapport certain et systématique avec les sites mégalithiques ? La permanence de la pratique tout au long des millénaires est un fait incontestable et le recours à l'étude des techniques de gravure ne donne guère satisfaction tant les facteurs d'érosion, de nature du substrat ne permettent pas de constater les mêmes degrés de conservation physique. Si l'on prend en compte les aptitudes d'exécution variables d'un auteur à l'autre, il est clairement impossible d'en dire aujourd'hui beaucoup plus. L'identification de la nature matérielle (minérale, métallique) des instruments de gravure n'est pas d'un meilleur secours pour déterminer une période tant il est vrai que plusieurs techniques de réalisation peuvent se côtoyer. On peut également ajouter que ce n'est pas parce que la connaissance du métal est avérée sur un territoire que tous les individus y ont automatiquement et forcément accès, notamment en raison de la rareté de la ressource ou encore d'une possession réservée à certains individus.

Il est impossible d'évaluer les placements chronologiques de sites (rupestres et des vestiges de dolmens remaniés) dépourvus de contexte archéologique. Le recours à l'exercice de comparaison est envisageable lorsque plusieurs éléments techniques semblent se rapprocher de données repérées en d'autres lieux.

Il est souvent frustrant de ne pouvoir apporter de réponse satisfaisante aux nombreuses questions soulevées et la tentation est parfois grande d'intégrer d'autorité une observation particulière à une théorie globalisante qui de fait, minore la singularité de chaque situation.

DESTINATION DES GRAVURES

Les creusements absolument intentionnels que sont les cupules, sont statistiquement assez peu connectés à des rigoles. Lorsque cela se produit, il est décrit de modestes tracés d'environ 3 à 5 millimètres de large et seulement quelques millimètres de profondeur. Il est très difficile à partir de ces mesures d'alimenter l'hypothèse d'une unique fonction de collecte d'eau de pluie et ce n'est pas la faiblesse du volume de la cupule au bas de la dalle qui n'excède pas quelques centimètres cubes qui peut davantage y contribuer. Si emploi de liquide il y eut en première intention, peut-être faudrait-il alors songer à un autre type de liquide ? En l'absence d'un quelconque espoir de démonstration en ce domaine, toute latitude sera laissée à l'imagination du lecteur.


Il est impossible de parler de principe de systématisation et ce n'est qu'occasionnellement qu'il est constaté l'existence de stigmates d'éventuels aménagements pouvant favoriser un écoulement de liquide, si tant est que l'on souhaite bien sûr absolument privilégier cette idée. Une réalité de terrain limite cette hypothèse dans la mesure où les rigoles suivent la déclivité naturelle d'un substrat qui n'est absolument jamais horizontal. Il n'y a rien d'étonnant, d'extraordinaire ni d'enthousiasmant à constater que les dalles placées conformément au pendage géologique général recueillent naturellement l'écoulement pluvial. Les milliers de blocs alentours, sans la moindre intervention anthropique compréhensible guident aussi bien l'eau que ces très modestes stigmates, pour le coup plutôt inefficaces (!) dans cette fonction de conduite et de collecte, si telle était bien sûr la première intention. Ce qui est ignoré...

De plus, quid des cupules isolées - de très loin les plus nombreuses - qui ne sont associées de ce fait ni à des rigoles ni à des bassins ? Ce cas de figure forcément important et significatif puisqu'il est numériquement vraiment très majoritaire, constitue un empêchement essentiel à l'hypothèse de la collecte en connexion ou en réseau. On devra alors forcément se contenter de l'idée que les cupules «devaient servir à autre chose»...


En résumé, d'une part il n'est pas certain que la plupart du temps les cupules en connexion physique aient un rapport avec un liquide et d'autre part on ne sait pas grand chose de la destination d'emploi des cupules isolées. En l'état actuel des connaissances, la datation de cet art rupestre ainsi que la démonstration de son lien avec le phénomène mégalithique - demeurant toutefois envisageable - reste toujours à prouver.

PREUVE D'UTILISATION MODERNE DES SITES RUPESTRES

Un nombre considérable de générations de «graveurs» a occupé le territoire et il serait plutôt étonnant qu'absolument toutes aient identiquement envisagé une unique manière d'utiliser les différents creusement aujourd'hui observables. Il a été recensé au moins 71 pistes de recherche à travers le monde dans les pages du rapport de la première conférence internationale sur les cupules (2). (Attention ouvrage anglophone). En dépit d'un effort de synthèse des chercheurs, il faut en ajouter une 72 ème fondée sur le témoignage direct qui m'a été fait il y a plus de trente ans maintenant, par une personne qui connaissait l'origine de certains éléments de gravure et sur l'apport d'un authentique indice matériel. Les informations glanées au fil des années et des prospections forment à présent un faisceau d'indices qui, s'il ne saurait ni ne prétend tout expliquer (!) possède au moins l'avantage d'attester de l'existence de certaines actions modernes jusqu'alors ignorées pour le secteur.

La rareté des informations est extrême pour le sujet et il faut bien reconnaître une dose de chance dans cette entreprise d'étude. En effet, ma grand-mère Marie-Antoinette Cyprès apporta le témoignage de l'existence des sites et des gravures pour le secteur du versant est des environs de la Carral (commune de Combes) depuis le tènement de la Croix de Combes en direction du Logis-neuf, et plus haut nord vers le hameau du Tourrel et en redescendant vers le sud vers la limite naturelle du hameau du Cros et du ruisseau du Bitoulet vers la Biconque. Elle demeurait à la ferme de la Carral où elle a grandi et travaillé en compagnie de son frère Albert Cyprès entre le premier quart et jusqu'au milieu du siècle dernier. La garde des moutons et des chèvres ainsi que les divers travaux de plein air donnaient l'opportunité de la fréquentation quotidienne en toutes saisons des sentiers et des recoins les plus secrets d'un territoire évidemment connu comme le fond de leur poche. Ainsi me racontait-elle en évoquant ses souvenirs de jeunesse, il y a des décennies et donc bien avant le début de mes recherches sur le sujet, l'existence de «trauquets» creusés sur divers rochers du secteur. Elle assurait que son frère de deux ans son cadet, né en 1924, creusait souvent en compagnie de camarades de Lamalou et du Fraisse des «trauquèts» [trawkets](cupules) et des «caminons» [kaminous] (rigoles) pour permettre l'installation de leurs jouets, moulins à vent de bois et de feuilles, billes et autres soldats de plomb afin d'en assurer leur stabilité. Ce témoignage ne permet pas de montrer que ce sont les jeunes gens qui ont absolument tout gravé et qu'il n'existait pas auparavant de sites rupestres, mais comme il n'y a aucune trace de cette réalité dans les textes des chercheurs, il est utile de la mentionner pour la première fois.

Une 73 ème utilisation (!) concernant non pas les cupules mais les bassins témoigne d'un possible détournement d'emploi pour des bassins qui conservent souvent un fond résiduel d'eau dans lequel les insectes se noient. Le dépôt d'un appât permettait d'utiliser la cavité pour un piège à passereaux. Les surfaces des rochers constituent naturellement un promontoire, une zone très facile à surveiller pour les oiseaux qui doivent habituellement être plus attentifs pour trouver de la nourriture sur les sols de terre recouverts d'herbes et de feuilles. Certains lecteurs se souviendront peut-être de la «taurèla» [tawrèlo], pierre plate soutenue en équilibre précaire par une branchette prête à tomber au contact de l'oiseau entré dans le creux.

Le rocher ne gelant pas comme le sol, l'emploi de ce support était plutôt habile et malin à moindre effort.

Plusieurs décennies plus tard, j'ai entrepris de localiser des quantités de gravures et c'est avec satisfaction, incrédulité et une réelle dose d'émotion, car les probabilités de parvenir à cette découverte sont infimes, que j'ai retrouvé une gravure très particulière attestant de la preuve de la présence de mon grand-oncle (15 ans à l'époque) et de ses camarades qui ont mêlé leurs noms à des cruciformes au voisinage de cupules, bassins et rigoles. La gravure et cette preuve de datation très précise confirment de manière éclatante les récits de jeunesse précédemment mentionnés !

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Preuves sont apportées dans ce cas, que des activités ludiques et cynégétiques du vingtième siècle peuvent être à l'origine de l'intégralité d'un site ou bien s'être ajoutées à des gravures antérieurs dont le placement chronologique reste à apprécier. La patine du rocher ne m'a pas permis de distinguer des interventions réalisées il y a seulement 80 ans dont la datation est établie, des autres. L'ensemble est chromatiquement homogène. Il est alors plus que délicat d'avancer l'existence de sites rupestres multimillénaires dont certains seraient même pourvus d'une sorte d'autel minéral orné, ceint d'une voie cérémonielle (!) A ce stade des investigations, le scénario imaginaire de pratiques cultuelles dont on ne sait que fort peu doit s'effacer devant le pragmatisme d'enfants et d'adolescents qui évitaient en gravant la roche, de devoir reconstruire leur terrain de jeu. L'identification de ces auteurs ainsi que l'estimation d'au moins une utilisation ludique est compatible avec certaines constantes et particularités géographiques indiscutables. Beaucoup de rochers gravés se trouvent sur des replats et des hauteurs en limite du vide. Cette position fréquente peut correspondre à un emploi logique in situ de poste de gué, d'écoute et de surveillance sans oublier la perspective plus subjective d'un panorama assez souvent spectaculaire. Depuis ces endroits, le contrôle de plus grandes zones de pâture à moindre effort est favorisé dans un contexte de déclivité prononcée. L'activité agropastorale a quasiment disparu de nos jours mais d'autres usagers comme les chasseurs adoptent des logiques identiques. Une illustration en est visible par exemple au rocher des Cabanis (Combes), avec la présence d'un «sèti» (siège) de pierres très précisément installé sur ce poste naturel d'observation dominant un ravin emprunté par un gibier qui se substitue désormais au cheminement du cheptel d'antan.


Il faut de plus remarquer pour ce grand versant dominant le secteur ouest du ruisseau du Bitoulet, l'évidence d'une confrontation de tous les sites rupestres avec l'est. Ce trait caractéristique s'oppose clairement à plusieurs publications de quelques auteurs en divers secteurs méridionaux que sont R.Guiraud (Caroux), M.Lorblanchet (Cévennes), J.Abelanet (Pyrénées nord catalanes), P.Hameau (Provence, Collobrières) qui relèvent des groupements plus ou moins en lien avec des horizons ouest, sud-ouest. Les sites rupestres anciens - très souvent au Chalcolithique- sembleraient associés à cette direction pour éventuellement indiquer une démarche cultuelle associant le soleil couchant au royaume des morts.


On ne peut ainsi s'empêcher pour le secteur du grand versant de Combes tourné vers le levant, de souligner quelques difficultés pour décider d'une origine forcément ancienne (à l'échelle des millénaires) des gravures. Le doute est d'autant plus renforcé par l'absence actuelle de signalement dans ce secteur d'un ouvrage mégalithique. La chose est pour le moins étonnante puisque les dolmens, paraît-il, seraient largement associés aux sites rupestres anciens. Faut-il considérer sans en avoir la moindre idée, qu'il devait en exister mais qu'ils ont été absolument tous systématiquement détruits ? Il s'agit d'une nouvelle liberté scénaristique qui ne correspond à aucune observation de terrain. En effet, hors du territoire circonscrit en présence de dolmens, les sites rupestres en «proximité immédiate» - comme pour «D.3» -, brillent par leur absence dans 90 % des cas (36 sites sur une quarantaine). Il ne resterait plus une nouvelle fois à imaginer, à invoquer dans d'identiques proportions de mystérieuses destructions systématiques cette fois... pour les sites rupestres. La défense de la théorie d'un lien entre les phénomènes rupestres et mégalithiques est décidément très difficile à assurer pour ce territoire.

CAS PARTICULIER


La proximité du site rupestre et du dolmen D3 est plutôt inhabituelle dans un corpus étoffé par plusieurs sites que j'ai répertoriés auprès de la Drac en s'ajoutant à la vingtaine de dolmens déjà localisés essentiellement par M.Guiraud à partir des années 1960. Pour une quarantaine de dolmens désormais répertoriés, seuls quatre sont plutôt proches d'un site rupestre schématique. Il n'est donc pas exclu que la relative proximité entre les deux sujets résulte principalement de probabilités statistiques.

L'objectif est ici la description et la diffusion d'informations patrimoniales inédites en évitant de les localiser pour ne pas accélérer leur dégradation ni favoriser leur disparition. En effet, il est inutile d'aggraver la situation du dolmen «D3» qui a subi l'épierrement quasi-intégral de son tumulus et le creusement de sa chambre en des temps indéterminables. Les rigoles des dalles gravées quant à elles sont de faible profondeur et le fait de les fouler ou de les peindre ne manquerait pas de les effacer définitivement.


1 Dalles gravées


L'emprise de la zone considérée dans cet article est inférieure à 80 m. L'ensemble des gravures au voisinage du dolmen «D3» fait face au couchant. Un premier secteur à une dizaine de mètres au nord-ouest de la sépulture présente trois cupules d'environ 7 cm de diamètre et 3 cm de profondeur. Il n'existe pas de rigoles entre elles, ni de bassin signes schématiques identifiables. Elles sont donc indépendantes et l'on ne sait quel argument technique présenter pour décider de l'existence d'un quelconque rapport avec le dolmen voisin. Un peu plus bas vers le sud, un autre groupe de cupules orne quelques rochers majoritairement placés en limite d'un surplomb rocheux. Les cupules et les rigoles se répartissent sur deux dalles séparées par une diaclase profonde d'une vingtaine de centimètres de large et de 30 cm à 50 cm de profondeur environ. Les dimensions des petites cavités s'inscrivent dans la moyenne des gravures de ce type dans le secteur avec de 5 à 8 centimètres de diamètre pour 4 à 6 centimètres de profondeur. Il est impossible de connaître les dimensions à l'instant de leur création : se sont-elles agrandies, évasées, arrondies, approfondies et le cas échéant dans quelles proportions ? Ont-elles été modifiées, sont-elles contemporaines entre elles et avec les vestiges d'un dolmen dépourvu d'ornements gravés ?

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Visuellement, les arêtes des deux plaques s'emboîtent parfaitement. L'ensemble des gravures est situé à quelques décimètres d'un surplomb important de plusieurs mètres situé côté ouest. Afin de révéler le parcours des rigoles, il a été choisi de déposer des éléments de petite taille (12 mm) qui matérialisent l'allure générale des tracés. Ce procédé est préférable au versement d'un liquide coloré qui peut dégrader de fines gravures et encourager une fréquentation du site qui accélérera son érosion et sa lisibilité. Les dalles sont solidaires du substrat et leur degré d'inclinaison ne peut avoir été modifié, ce qui permet d'interroger l'hypothèse de conduite d'un liquide. Il s'est agit d'éprouver par l'expérience du degré d'efficacité de ce système de fins sillons par le versement mesuré de quelques centilitres d'eau au point le plus élevé des rigoles.

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Il est remarqué que pour les deux tracés, il n'existe pas de connexion avec la cupule du bas. Le creusement n'est pas obligatoire en cette zone car la déclivité naturelle de la dalle conduit forcément l'eau dans la cupule basse au diamètre régulier de 8 cm et profonde de 6 cm avec un fond plat. Les observations sont donc identiques pour les deux sillons qui mesurent chacun environ 70 cm. Cette expérience jette quelques doutes sur un principe systématique de collecte et de conduite d'un liquide.

                                                                  LE DOLMEN D3

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La nature minérale des éléments du dolmen est un schiste local possédant quelques inclusions de roches métamorphiques. Le monument possède une chambre simple délimitée au nord par un orthostate dont l'inclinaison correspond à celui du sens de la pente du terrain vers le sud. Cette dalle mesure 206 cm pour environ 70 cm de hauteur pour la partie visible et présente une épaisseur de 20 cm à 24 cm en moyenne.

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L'orthostate sud est plus longue avec 248 cm, une largeur (puisqu'elle est à l'horizontale) de 130 cm au maximum et une épaisseur de 19 cm à 36 cm.


La dalle de couverture a glissé vers l'est mais domine et couvre encore l'ensemble de la chambre et donne sans doute une idée proche de l'allure originelle de la chambre. Ses dimensions sont relativement importantes avec 276 cm pour 163 cm au plus large et de 18 cm à 22 cm d'épaisseur en moyenne. Le pourtour de cette dalle est plutôt rectiligne par segments sans qu'il soit possible d'attribuer cette particularité à un travail de régularisation. La dalle de chevet n'a pas été retrouvée. Peu de sépultures ont conservé cet élément du bâti peut-être en raison de la possibilité d'un remploi en d'autres constructions. A ce titre, le dolmen D1 (3) continue de faire exception. Les éléments de fermeture de l'entrée sont également absents.

L'orientation du monument a été relevée d'après celle de la base de l'orthostate nord toujours fiché dans le sol sur sa longueur et qui semble ne pas avoir bougé ou très peu. Il est ainsi constaté avec une bonne fiabilité un placement sur un axe de 130° sud-est ou bien 310° nord-ouest.

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Ci-dessus vue de la dalle de couverture entière en direction de l'ouest.  


Blocs de la ceinture

L'épierrement du tumulus ne permet pas de détecter des indices de présence d'un couloir. Cependant le report aux descriptions de plusieurs dolmens (3) (4) qui mentionnent la détection de vestiges de ceinture de tumulus, on ne peut que remarquer une certaine coïncidence de mesure avec la présence côté sud-ouest de blocs lourds (en position naturelle ou placés) justement une nouvelle fois à 3,5 m du centre de la chambre du dolmen. Il ne s'agit que d'une hypothèse mais ils pourraient avoir permis de renforcer, ceinturer et délimiter le périmètre maximal du tumulus.

Un des intérêts de ce dolmen tient notamment dans la description d'un ouvrage toujours couvert. De plus, il est observé l'originalité d'un vide côté ouest rempli par un appareillage constitué de blocs décimétriques faisant également fonction de calage entre l'orthostate sud et la dalle de couverture. Il est possible que ce lourd bloc puisse avoir été dressé et qu'il ait partiellement entraîné dans sa chute la dalle de couverture, consécutivement à l'épierrement de la zone sud. Des cales peuvent avoir été placées pour stabiliser la couvrante. Mais il est tout aussi probable que l'orthostate sud n'ait jamais été dressé et que sa présence naturelle ait opportunément permis d'économiser beaucoup de travail et de peine. En dernière hypothèse, cet ensemble de «cales» peut également avoir appartenu à la zone de contact avec le tumulus prise en étau lors du glissement de la dalle de couverture.



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Quelques mesures des dolmens que j'ai publiés sont réellement proches. «D1» (3) possède une dalle de couverture de 287 cm qui a glissé en versant sud tandis que celle de «D2» (4) atteint 262 cm et «D3» 276 cm. (La moyenne des longueurs est de 275 cm). Les largeurs de chambre sont elles aussi très proches les trois fois en fleurtant avec le mètre pendant que les longueurs internes des chambres frôlent le mètre quatre- vingt-dix. Les tumulus semblent posséder des diamètres assez similaires. Ces constantes donnent peut-être matière à formuler d'hypothétiques regroupements chronologiques, culturels ou stylistiques, si ce n'est les trois.

                                                           CONCLUSION


La proximité ainsi que le lien cultuel supposés entre les sites rupestres et les sites mégalithiques sont très discutables pour la moyenne vallée de l'Orb. Les développements de cette présentation soulignent l'aspect inhabituel de ce genre de voisinage. Le signalement de ces nouveaux sites précise le maillage ancien de territoires méconnus. Ces témoignages des pratiques funéraires par la présence des dolmens laissent comprendre une pratique du terroir fort différente de la nôtre. Ces monuments étaient-ils placés près de lieux longuement occupés, ou témoignent-ils d'un balisage correspondant à des parcours de transhumance ? Rien n'indique clairement que les sites rupestres doivent toujours être mis en relation avec des pratiques cultuelles en tout cas selon les manières supposées dans la plupart des publications.



                                                           BIBLIOGRAPHIE



  1. Abelanet 1990 : ABELANET (J.), Les roches gravées nord catalanes.

  2. Roy Querejazu Lewis, Robert G.Bednarik 2010: QUEREJAZU LEWIS (R.), BEDNARIK (R.G) p.67 à 69 Mysterious Cup Marks Proceedings of the first International Cupule Conference. BAR International series 2073

  3. Bivolas 2014 : BIVOLAS (C.) Le dolmen de Combes «Dol.1» Bulletin N°37 SAHHCH

  4. Bivolas 2017 : BIVOLAS (C.) Le dolmen aux disques «Dol.2» Bulletin N°40 SAHHCH

RESUME DE L'ARTICLE ORIGINEL COMPLET

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5. GRAVURES COMPLEXES MULTIDECIMETRIQUES.

       Les "CLAVICEPHALES ARCIFORMES" 



Un type de gravure rare, défini pour la première fois

         Article en cours de développement

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